Date :
1er octobre 2008
Ville :
Paris (75)
Salle :
L'Européen
Les avis sur ce concert
Le correspondant de l'AFP a aimé :
Jean-Louis Murat seul en scène, c'est l'Amérique
PARIS (AFP) — Jean-Louis Murat vient de lancer sa nouvelle tournée, lors de laquelle il se produit seul à la guitare et à l'harmonica, une formule intimiste qui souligne la parenté de sa musique avec le folk ou le blues américains.
Après deux spectacles à Bourgoin-Jallieu (Isère) et Saint-Germain-en-Laye, Murat, 56 ans, s'est installé mercredi à l'Européen à Paris, où il restera jusqu'à dimanche (complet tous les soirs). Dix concerts sont ensuite prévus, huit en province et deux en Belgique, du 11 octobre au 21 novembre (dates sur www.jlmurat.com).
Lors de ses précédents passages sur scène, il était accompagné de son groupe dans une électricité rock qui rappelait le Crazy Horse de Neil Young. Cette fois-ci, c'est au versant acoustique de l'oeuvre du Canadien ou à Bob Dylan qu'on pense en voyant Murat seul en scène, avec sa guitare douze cordes (la même pendant tout le concert) et deux harmonicas.
L'essentiel de ce très beau tour de chant est consacré à son dernier album, le neuvième en sept ans. Paru en mars, le superbe "Tristan" (une référence à Tristan et Iseut), sur lequel Murat joue de tous les instruments, est une méditation sur le désir amoureux.
Le chanteur a beau écrire le français d'une manière littéraire, poétique et follement élégante qui n'appartient qu'à lui, ses racines musicales sont anglo-saxonnes, ce qui saute aux oreilles dans cette formule solo.
La plupart des chansons sont jouées dans des versions folk languides, comme les magnifiques "Mousse noire", "L'hermine" ou "Les voyageurs perdus".
Mais par moments, Murat s'enflamme sur des blues déconstruits dont la transe rappelle un peu l'album "Live at Sin-é" de Jeff Buckley: ce style convient à merveille à des titres comme "Caillou" (tiré de l'album "Taormina") ou le foudroyant "Les jours du jaguar" (sur l'album "Lilith"), qu'il enchaîne pendant le rappel à un inédit, "Comme un incendie".
Pendant le spectacle, il met son esprit caustique dans sa poche et ne s'adresse que peu à son public d'inconditionnels, à l'exception de quelques saillies ("Même moi je me file le bourdon!").
Après ces concerts en solo, Murat présentera "Tristan" accompagné de son groupe lors d'une nouvelle tournée à partir de mars.
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Celui du Monde un peu moins :
Un concert de Jean-Louis Murat offre l'occasion de faire le point sur la production d'un stakhanoviste (un album par an). Cette saison, il est seul en scène, avant de revenir accompagné en mars 2009. Sa tournée de petites salles s'arrête cinq soirs à l'Européen, à Paris. Ce voeu de célibat est logique : il suit un nouvel album (concept), Tristan, la moitié d'Yseult, dont Murat est le multi-instrumentiste.
Le thème médiéval est largement illustré, avec son cortège de nonnes, bergères, pucelles et donzelles. Et un dispositif emprunté à Neil Young : une chaise, une lanterne, un harmonica et une guitare douze cordes. Comme son héros canadien, l'Auvergnat est un musicien instinctif qui sait faire sonner son instrument, dessiner des reliefs. La comparaison ne vaut pas pour la voix, d'une nonchalance endémique, complaisante dans la complainte.
Pour quelques éclats (Caillou ou le rappel couplant un inédit, Comme un incendie, aux Jours du jaguar), autant de langueurs. Profitant d'un blanc, une facétieuse spectatrice réclame une chanson encore "plus triste". "Oh, j'ai ça en magasin...", soupire l'intéressé, rappelant qu'il est l'auteur de Suicidez-vous le peuple est mort, qui marqua ses débuts, en 1981.
Les amours fous et impossibles, le dégoût des autres et de soi, la beauté des éléments naturels malgré tout... On n'apprendra rien de plus sur celui que son fan-club considère comme le dernier poète chansonnier encore vivant.
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Le court article du Monde résume assez mes propres impressions.
Le concert débute joliment, mais l'intérêt finit par s'étioler à force de monotonie, les titres qui émergents sont de trop rares sursauts (Caillou, Brûle-moi, Les jours du jaguar...).
Murat est pourtant en voix, il ne mâchonne pas ses textes, il est bien, pas franchement prolixe, surtout concentré.
Mais à mesure que le concert avance, il finit par tomber dans un alanguissement autocomplaisant. On aimerait pourtant avoir le sentiment qu'il est heureux d'être là , le public serait prêt à le suivre (les applaudissements gagnent en intensité après Caillou) mais franchement, Murat semble sous Lexomil.
Il en vient à oublier quelques paroles (il est vrai que la richesse de son écriture ne lui facilite pas la tâche), sa chanson lui échappe sur un incident d'éclairage ("Une mouche qui passe et je suis déconcentré") et il finit par lâcher vers la fin du concert : "J'arrive à me filer moi-même le bourdon".
Dommage qu'il ne joue que de la Takamine 12 cordes. Une belle guitare, mais son seul usage conforte la sensation de monotonie sonore que procure déjà la setlist. Pourtant il a plein de belles guitares boisées dans sa grange ! (Neil Young au Rex avait 7 guitares et un banjo avec lui, pour la partie en solo acoustique (et 2 pianos !))
Dommage aussi ce quasi-mutisme dont il ne sort que pour râler -gentiment- : pour cette expérience en solo il aurait pu s'inspirer de certains Story-tellers. Mais ça fait quelques années déjà que le lien avec le public semble moins l'intéresser...
Et pourquoi cette seule ébauche d'inédit ("Comme un incendie", mixé avec "Les jours du
jaguar" et "La Prière"), alors qu'il dit régulièrement avoir des centaines de chansons au fond de sa grange ? Quand on se souvient des merveilles d'inédits autrefois découvertes en live ; ces moments là étaient inoubliables...
A force d'alanguissement muratien, j'ai malheureusement fini par m'ennuyer à ce concert....
Marc
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J'étais à l'Européen mercredi soir et c'était très bien pour moi!!!!!
J'ai trouvé son concert fort en émotions, il a donné tout ce qu'il pouvait pour son public, j'ai été très touché et il m'a même fait pleurer lorqu'il a fait allusion au VIH car un de mes amis en est mort il y a une dizaine de jours...
J'ai trouvé sa voix meilleure que la tournée précédente et le son était bon. Le point négatif pour moi, c'est que le public parisien est vraiment mollasson, à mon avis, JLM méritait de meilleurs encouragements. Quelqu'un lui a demandé de jouer le "papillon" je trouve que cette chanson n'était pas la bienvenue dans l'ambiance du concert et puis ses chansons tristes, moi j'adore ça.
Je suis pas très fort pour les CR mais voilà mes impressions, j'y retourne dimanche et peut-être bien samedi.
Laurent 92
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Nous sommes arrivés un peu en avance à l'Européen Place de Clichy et nous en avons été récompensés puisque nous avons pu nous asseoir à une bonne place.
La salle est plutôt petite, dès le 6eme rang environ, les sièges montent en gradins si bien que l'on doit bien voir de partout. En tout cas moi impec', j'étais au quatrième rang, juste en face du pied de micro. Du pied de micro car Murat a prévenu : pour cette tournée, il jouera seul.
J'avais entendu dire que le mec arrive souvent bourré sur scène et que ses concerts peuvent être géniaux ou à chier selon son état. Bon, là nos craintes ont été dissipées, le bonhomme est clean.
Il débarque sur scène, branche sa 12 cordes. Pile a l'heure. Il s'assied et commence à jouer. Sa voix est traînante, il bouffe à moitié les mots, mais c'est la même chose sur les cd. Il n'y a rien de bien excitant dans la mise en scène : quelques spot de lumière, une lanterne en forme d'HIV. C'est Murat, qui a une relation très affectueuse avec son lampion, qui l'a baptisé HIV (ok, c'est vrai, le lampion pointu ressemble un peu a un HIV neurasthénique).
Hamster étant en kévinittude elle a été prise de nausée et a dut partir au bout de trente minutes. J'ai continué à suivre le concert seul, me laissant aller dans la déprime réconfortante des chansons de Murat.
Je me suis laissé bercer par les textes noirs et oniriques de Murat. Je dis "onirique" comme ça parce qu'en fait je ne pige pas grand chose. Je chope un mot de ci de la, je me construis plus ou moins mon histoire à partir de ce que Murat chante. Mais ça me fait la même chose sur les albums, où il articule bien, sans bouffer les mots ni rien, j'arrive pas à piger ce qu'il veut raconter. Ca ne me dérange pas trop, ce mode d'écoute un peu onirique, dans lequel les paroles et le sens des chansons reste abstrait. Ca doit même être ce que je recherche quand j'écoute des chanteurs comme Bashung, Thiéfaine, Manset, ou Murat.
Après le concert, je suis rentré seul, à pied de la place de Clichy via le boulevard du même nom. Sous une petite bruinasse noire et collante. En harmonie avec la noirceur des chansons que je venais d'écouter.
Jojo La Frite (http://hetf.blogspot.com/2008/10/jl-murat-leuropen-30-octobre-2008.html)
Tristan tour