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La Cigale, Paris, le 22 novembre 2000
30 novembre 2000

Murat a jeté l'orange, mais avant d'atteindre l'astre mort, les quartiers sont retombés. J'en ai ramassé quelques uns.


Un quartier pour les yeux :
Il était beau comme un talus, avec, par moment, le bout de la langue sorti et posé sur sa lèvre supérieure ; tel un chaton jouant avec une souris.Si, si je vous jure ! Il était très joueur ce soir, les yeux ouverts plus que jamais. Il était en mouvement léger, mais perpétuel, très à l'aise dès le début.
Seul bémol, la chemisette, c'est pas sexy, je préférais ses chemises de première partie de tournée..... Enfin, comme beaucoup d'autres, même ceux qui n'osent pas le dire (suivez mes regards), je suis encore et toujours sous le charme. Et puis qu'on se le dise, Jean-louis Murat n'est pas un homme comme les autres.
LE quartier :
Quand on pense à ce concert, on ne peut s'empêcher d'évoquer "Nu dans la crevasse". Murat à la guitare électrique et Denis en impro au piano. Par moment, Denis avait la tête dans le piano, pour toucher les cordes directement. Impressionnant. Vers la fin de la chanson, Murat a rappelé sur scène Alain et Régis pour un final grandiose. Ils étaient 4, tout nus dans la crevasse, à attendre l'engin. Denis, en contre jour, pris dans une tempête de neige, agité de pleins de sentiments violents, s'arc-boutait sur son piano, complètement lâché.
Ils ont (et nous avec) fini en transe totale. Vivement la prochaine avalanche.
Un quartier de partage :
Dans ce quartier, finies les tensions. Il y eut même un jeu musical impromptu entre Jean-louis et Denis ; Murat a commencé en lançant quelques accords sur le piano électrique pour que Denis rebondisse dessus, il lui a alors répondu de quelques notes. Le jeu s'est immédiatement instauré, chacun essayant de coincer l'autre au détour d'une harmonie. Un vrai bonheur, comme un partage musical. Et nous pour le recevoir. Alors pourquoi faudrait-il qu'ils se lâchent la grappe ? Bien sûr il y a les choeurs de l'armée rouge, Youssou N'Dour et même un orchestre symphonique qui attendent Murat, mais quand même !!!!!! (petite précision : cet avenir musical n'est que le fruit de douces rêveries de dolos en after......si vous avez d'autres suggestions n'hésitez pas).
Quand à Alain, plus attentif que jamais au moindre faits de Jean-louis et murmurant toutes les chansons, il semblait prêt à assouvir tous les désirs du maître.
Régis, la discrétion. Je ne l'ai presque pas vu. J'ai surtout entendu Murat le stimuler et lui dire "aller Régis, aller !"
Un quartier de messe pour finir :
"Mêle au bonheur un peu d'effroi, de connaissance et d'émoi, vont dans nos coeurs d'une même vie, l'amour l'ami l'amant".
Quand Murat prêche, je me ferais bien nonne sur le champ.... C'était pour la dernière chanson "Ami, Amour, Amant". Il ne l'a jamais aussi bien chantée, avec autant de conviction, avec autant de plaisir, avec autant d'amour. Un vrai curé des montagnes. Alors déclinons avec lui le fameux verbe :
Je t'aime
tu n'aimes plus que par mégarde
Elle l'aimait à en mourir
nous aimons si peu nos yeux
vous vous êtes tant aimé
Ils s'aimeront au vent nouveau...

Je garde le zeste pour les jours sans épluchures, en guise d'écorce.